Pour réussir l’allaitement…

… faut-il avoir des moyens financiers?

C’est une question qui me trotte dans la tête depuis que les défis d’adaptation de l’allaitement sont derrière nous.

Après avoir dû fréquenter l’urgence de Sainte-Justine avec un bébé de deux semaines qui ne prenait pas assez de poids, le pédiatre nous a conseillé de voir une conseillère en lactation.

J’ai sur le coup demandé si c’était possible d’en voir une à l’hôpital… on m’a dit que c’était un service payant… 60$ de l’heure! Pourtant, ce service est gratuit pour les femmes qui accouchent à Sainte-Justine. L’allaitement est encouragé par le gouvernement, le CLSC et la majorité des professionnels de la santé, mais quand viennent les défis, pour nous aider, il faut payer…

Dans certains CLSC, dont Villeray, il est possible de rencontrer une conseillère en lactation gratuitement. Mais à Montréal-Nord, un des quartiers les plus défavorisés de Montréal, aucune ressource d’aide en allaitement n’est disponible sans frais. Même les infirmières de la clinique du nourrisson ne sont pas d’une très grande aide.

Pourtant, l’allaitement devrait être encore plus encouragé dans les quartiers défavorisés considérant que les familles n’auraient pas à débourser pour des préparations lactées commerciales pour nourrir leur bébé.

En plus, la conseillère en lactation que nous avons consultée nous a recommandé d’aller voir un ostéopathe car peut-être que la mâchoire de bébé n’est pas bien alignée. Une autre dépense qui n’est pas à la portée de tous.

Comme Sophie ne prenait pas bien le sein, la montée de lait n’a pas été productive qu’elle aurait dû. On nous a recommandé ainsi des produits naturels pour augmenter la production, une autre dépense, sans compter la location du tire-lait électrique. Et si les produits naturels ne fonctionnent pas, il y a un médicament… à 30$. Et si les seins deviennent crevassés ou douloureux, il existe une crème miracle… elle aussi à 30$.

Alors mes chers amis, est-ce qu’il faut avoir des moyens financiers pour réussir l’allaitement (qui soit dit en passant devrait être SI NATUREL)? Si on se retrouve devant des embûches, il est certain que les solutions et l’aide ne sont pas gratuites… et c’est ce qui est déplorable car on ajoute à la culpabilité des parents un fardeau financier qui ne peut être absorbé par toutes les familles sur le coup. À ce rythme, le coût de l’allaitement est plus cher que celui des préparations lactées commerciales.

Finalement, Sophie prend du poids. Elle a même repris son poids de naissance après un mois d’inquiétude et de doute. Et tout ce qu’il fallait, une téterelle, un petit bout de silicone à 8$ qui imite la texture d’une biberon. L’allaitement est sauvé, in extremis, grâce à la téterelle et le médicament pour la lactation. Je dois avouer que j’étais sur le point de tout lâcher au moment où Charles a eu la brillante idée d’aller acheter la téterelle… À bout de ressources et surtout à bout de force, je n’arrivais pas à voir comment j’allais pouvoir continuer.

Je comprends pertinemment toutes ces femmes qui font le choix avant l’accouchement ou qui se découragent dans les premiers jours/semaines et n’allaitent pas.

D’ailleurs, je continue de donner de la préparation lactée à Sophie le temps que la production de lait s’ajuste à ses besoins. Shame on me diraient les ayatollahs… et bien moi, je vis très bien avec ça. En plus de m’assurer qu’elle obtient un minimum de lait à chaque boire, lui donner le biberon me permet à moi d’avoir une pause de temps en temps et laisser son papa créer un lien d’attachement avec bébé. C’est trop cruel de vivre dans la culpabilité de ne pas pouvoir nourrir son enfant de la façon la plus naturelle du monde… C’est peut-être naturel, mais il y a des défis dont on parle très peu dans les cours prénataux et dont les ayatollahs devraient prendre en considération avant de juger…

D’ailleurs, un article sur le site Maman pour la vie vise à dédramatiser le biberon. Je vous invite à lire les commentaires dégradants, remplis de préjugés et de jugements de valeur de la part de femmes qui encouragent la culpabilité des mères qui décident de cesser l’allaitement pour une raison ou une autre.

Bref, l’allaitement c’est une affaire personnelle comme un accouchement. Chaque femme le vit différemment, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de le faire. Personne ne devrait juger la façon de nourrir son bébé. Il faut savoir être à l’aise avec ses choix, les assumer et ne rien regretter. De toute façon, le plus important n’est-il pas que bébé boive à sa faim afin de prendre constamment du poids? La fin justifie grandement les moyens dans ce cas-ci.

Et si certaines personnes vous posent des questions auxquelles vous connaissez ce qu’elles veulent entendre comme réponse… MENTEZ!

Personne n’ira vérifier chez-vous si vous donnez de la préparation lactée pour vous laisser souffler un peu ou si vous commencez les céréales à quatre mois…

Les décisions de l’alimentation de bébé ne regardent que les parents, tout comme le reste de son éducation d’ailleurs ou comme l’utilisation de lingettes humides jetables ou de couche en coton…

Alors encore une fois… rien ne sert de juger ni de passer des commentaires sous-entendus… Mêlez-vous de vos affaires 🙂

Publié par Mariève Paradis

Fille de mots, passionnée de plein air et mère de 2 tannants

Rejoindre la conversation

3 commentaires

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

  1. Je suis tellement d’accord avec toi. Je crois que dans les cours prénataux, les infirmières ont peur de décourager les futures mamans et ne parlent pas beaucoup des difficultés qui peuvent survenir (et qui surviennent chez plusieurs d’ailleurs!). Bonne chance avec ta puce!

  2. PS: Le seul brin d’avis que je donne aux nouvelles maman est ceci:
    ‘Tout le monde va venir, vous flater la bedaine (si elles sont encore enceinte…), chouchouer le bébé et ils vont vous donner tout les conseilles du monde. Vous n’avez qu’a faire 3 choses.

    1. Sourriez. La personne est heureuse pour vous. Soyez heureuse en ce moment avec eux.

    2. (Ceci n’est pas vraiment intuitif, alors lisez le point à sa fin.)
    Soyez honnête, et répondez : ‘J’y penserai.’ Le temps que le conseil a pris pour se rendre d’une oreille et de sortir de l’autre est tout le temps que vous avez à y accorder. Dans cette nano seconde vous y avez pensez. Alors, vous pouvez être honnête… En plus, la personne ne veux pas vous vexer. En générale, elle veux vraiment vous aidez, alors pourquoi mentir?

    3. Soyez certaines que dans le font de vous mêmes vous savez que faire. Vous connaissez votre famille. Vous connaissez votre situation. Vous vous connaissez vous mêmes. Et il n’y a pas meilleur expert que vous au sujet de votre famille.

    Ensuite je leur souhaites beaucoup de bonheur et bonne santé.

  3. Salut!

    J’ai allaité quatre enfant et chacune a eu ses défis. La première, la monté de lait était trop forte. Aussitôt que le lait montait, ça la repoussait. J’ai dû allaiter coucher sur le dos! Pas facile a trouvé comme réponse. Ma mère, ancienne monitrice pour La Ligue Leche, a trouvé le problème et la réponse.

    Je recommande fortement les conseilles de La Ligue Leche. C’est une organisiation à but non-lucratif et toutes les monitrices sont des femmes qui ont allaité leurs enfants et qui veulent supporter les nouvelles (et peut-être pas si nouvelles) mères dans leur voyage d’allaitement. Leurs conseils sont gratuit, et avec près de 60 ans d’expériences, elles ont vue tout les genres de problème qui peux arrivé.

    À cause de LLL, j’ai vu une femme allaité son bébé adoptif. J’ai vu une femme qui avait des problèmes ‘d’attachement’ (le bébé ne pouvait pas bien prendre le sein) et qui avait fait recours à l’hôpitale et aux services de conseil pour l’allaitement payants et qui n’avait pas encore de réponse après une semaine et qui souffrait terriblement, résoudre son problème dans moins d’une heure. À cause de LLL j’ai vu plusieurs mères avoir une superbe relation d’allaitement avec leurs nourrissonts.

    Ils sont sur le web, et offre un service français. Si jamais vous avez de la difficulté à nourir votre enfant au sein, La Ligue Leche pourra vous aidez. Et si par malheur, votre enfant à besoin de soins médicaux et qu’il doit avoir des soins spéciaux, La Ligue Leche pourra vous aider encore. Ne gênez vous pas, faites leurs appel.

    Ça ne m’a pas couté un sous pour nourrir mes enfants.

%d blogueurs aiment cette page :