Sentiments partagés

Ça été une grosse journée. Levé à 3h du matin, converses à la radio et à la télé, un peu de trafic pour me rendre au centre-ville, ma première expérience dans le métro de Los Angeles, la foule autour du Staples Center, la chaleur de l’après-midi… Ouf!

De retour dans le confort de mon appartement en banlieue de Los Angeles, mes sentiments envers toute cette expérience Michael Jackson sont partagés. Partagés entre ma profession – le journalisme – que j’adore et l’humain derrière la journaliste. Partagés aussi entre l’excitation ou plutôt de l’enivrement de l’énergie d’une foule et la raison première de cette foule aujourd’hui devant le Staples Center.

J’adore mon travail mais quand je vois des gens pleurer leur idole… Je n’irai pas braquer mon kodak dans leur face. Ça fait peut-être une maudite bonne photo mais elle veut dire que très peu si on veut « the best shot » plutôt que démontrer la réalité d’un événement. Certains fans se cachaient derrière des foulards, d’autres derrière des lunettes fumées mais les cliquetis des nombreux appareils photo ne cessaient pas.

J’ai moi-même eu le menton tremblant lorsque Mariah Carey a chanté « I’ll be there »… Essayant de chasser cette émotion de ma tête, je me disais que je ne devrais pas être touchée, je suis journaliste… Mais est-ce qu’un journaliste peuvent démontrer un peu d’humanisme… C’est peut-être être naïve mais j’y crois.

Aujourd’hui autour du Staples Center, il y avait deux clans: les fans et les curieux. Les fans ne sont pas restés longtemps ou avaient des billets pour se rendre à l’intérieur. Les curieux étaient ceux déguisés en Michael Jackson pour passer à la télé ou encore ceux qui voulaient être là pour être là… Mais ces gens-là n’ont pas regardé la cérémonie. C’est là la différence. Les fans et ceux qui voulaient voir la cérémonie ont vu un autre visage de Michael Jackson, un père, un frère, un fils, un ami… Ce n’était pas seulement un chanteur, danceur… c’était aussi un humain.

Beaucoup de fans sont restés à la maison aujourd’hui pour regarder cette cérémonie à la télévision. C’était beaucoup mieux ainsi car ils ont pu vivre l’essence de cette cérémonie sans la folie qui l’entoure. Selon la police, seulement 600 personnes sont descendus dans les rues de Los Angeles aujourd’hui… On craignait un million de personne…

Lorsque je suis arrivée près du Staples Center ce matin, j’ai été très déçue. Déçue de voir que de nombreux chanceux vendaient leurs billets 200$ à 300$ alors qu’ils les ont eu gratuitement. Dans la foule nombreuse fourmillaient des scalpers prêts à vendre leurs billets… pourquoi? « Because I need money », dit Jose. Riant un peu croche, il s’est sauvé de ma caméra et d’un des nombreux inspecteurs du LAPD en civil à la recherche des revendeurs.

D’ailleurs, un autre revendeur a été arrêté sous mes yeux… Il a tenté de partir avec l’argent et le bracelet alors que le billet et le bracelet étaient nécessaires pour accéder au Staples Center. La foule criait à la police juste de l’autre côté du cordon jaune du LAPD. La foule a applaudi chaleureusement lorsque le revendeur a été escorté par trois policiers.

Avant le début de la cérémonie, alors que la foule autour du Staples Center contenait des gens avec billets et des gens sans billets, l’ambiance était inconfortable. On pouvait sentir certains crever d’envie et de jalousie pour ces billets. J’ai vu aussi de beaux moments de partage…

Un homme en chaise roulante qui souhaitait rendre hommage à son idole à obtenu des billets d’un bon samaritain. Une mère et son enfant de 7 ans sortaient de la cérémonie… Debbie dit « Un ange a répondu à mon annonce sur Craiglist et m’a donné deux billets pour venir ici aujourd’hui ». Tasha attendait sur le coin d’une rue à 7h ce matin, elle ignorait où aller… sa première visite à L.A. de Memphis, Tennessee.  Je discute avec elle un moment et une autre femme se joint à la conversation… Elle attendait son ami qui n’arrivait pas, et les deux femmes sont parties, telles de nouvelles amies qui allaient aller à cette cérémonie tant convoitée. La seule chose de Tasha m’a dite avant de mettre le bracelet doré autour de son poignet: « I’m about to cry »…

J’ai vu le pire et le meilleur aujourd’hui. Des actes brusques et même grossiers de la part de certains photographes mais aussi des actes de compassion, d’amour et de partage…

Des sentiments partagés…

Publié par Mariève Paradis

Fille de mots, passionnée de plein air et mère de 2 tannants

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2 commentaires

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  1. Je suis tellement fière de toi Mariève. Savoir conserver cet humanisme qui t’habite signifie que tu n’as pas oublié les valeurs que, comme parents, on a essayé de t’inculquer. J’aime ta façon de couvrir les événements avec des yeux du coeur!

  2. Salut Mariève…

    je voulais juste te dire que je trouve ce billet vraiment touchant et intéressant… Quelle belle réflexion sur ton métier et sur l’humain, vraiment, je l’ai lu avec beaucoup d’attention et d’intérêt. Tu fais un super travail, je te trouve sincèrement inspirante! Bravo, chère!

    Au plaisir de te revoir bientôt 😉
    Bisouxxx
    Marianne

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