Dans une communauté près de chez-vous

Dans une région rurale du Colorado, un journal local s’est éteint. Depuis janvier, les résidents de la petite communauté de Carbondale vivent dans l’ignorance des nouvelles de leur municipalité. Avec la crise actuelle, les médias partout sur la planète mangent une sacrée volée, même ceux qui appartiennent au gouvernement… Nous pourrions tous vivre dans la noirceur de l’ignorance des décisions du conseil municipal, des obsèques d’un personnage important de la communauté ou encore pire, des changements dans la collecte des ordures!

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Après un mois sans le Carbondale Valley Journal, la fondatrice de ce journal 34 ans auparavant, Rebecca Young, a appris la mort d’un collègue de longue date quelques jours après le service. Déçue de n’avoir pas pu lui rendre hommage pour une dernière fois puisqu’elle n’a pas pu être informée par les avis de décès du journal, elle envoie un courriel à plusieurs personnes de la communauté. « Suis-je la seule à être tracassée par la fermeture du journal? » Le lendemain, 45 courriels lui prouvaient qu’elle n’était pas seule.

Elle entrepris, avec six autres volontaires, de démarrer un nouveau journal. Démarrer un journal dans cette période difficile, mission impossible? Mais le modèle d’affaires du Sopris Sun est différent. C’est un journal à but non lucratif et la majorité des employés sont des bénévoles. « Plutôt que de pleurer sur le sort de notre défunt journal, pourquoi ne pas agir sur la situation »…

Une journaliste du défunt journal s’est trouvé du travail. Elle est la première employée rémunérée du Sopris Sun. Le reste du travail (graphisme, édition, vente de publicité et camelots) est encore effectué par des bénévoles qui croient que l’information locale doit rester à Carbondale. Le 12 février dernier, le Sopris Sun publiait sa première édition, tirée à 3000 copies.

Mais combien de temps les convictions resteront sans rétribution monétaire? Même en temps de crise, tout le monde a besoin de manger! Est-ce que le modèle d’affaires d’un journal à but non lucratif est viable?

La morale de cette histoire… Le modèle des médias d’aujourd’hui propose deux avenues possibles : l’information bénévole ou l’information profitable. Le pouvoir de cette communauté est noble mais faudra-t-il attendre la fermeture des journaux avant de repartir sur de nouvelles bases, sur un nouveau modèle d’affaires adapté aux nouvelles plate-formes et aux réalités du marché?

Est-ce qu’on peut nous demander de choisir entre le droit à l’information et l’information pour le profit? Et si les consommateurs d’information choisissaient le droit à l’information, qu’adviendra-t-il des journalistes?

A-t-on déjà questionné la légitimité des comptables parce que des logiciels nous permettent maintenant de faire nos impôts à la maison? Les logiciels font une bonne job pour les choses pas trop compliquées… Quand vient le temps de parler de gros sous et d’économiser nos dollars durement gagnés, un service plus fouillé et professionnel devient essentiel.

L’internet permet à n’importe qui de rapporter des nouvelles… mais lorsque l’histoire demande de fouiller un dossier, de vérifier et contre-vérifier des sources, d’enquêter sur des activités peu reluisantes de nos personnages publics, ne devrait-on pas laisser ce travail à des professionnels qui connaissent leur métier?

Le droit à l’information est un droit fondamental, j’en conviens. Mais on m’a appris très jeune qu’avec chaque droit vient une responsabilité. Et la responsabilité des consommateurs d’information journalistique, c’est d’apprécier un service et de respecter une profession.

Source: L.A. Times

Publié par Mariève Paradis

Fille de mots, passionnée de plein air et mère de 2 tannants

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  1. Le problème pour une enquête fouillée et sérieuse c’est que ça prend du temps et de l’argent. Comment arriver à convaincre la génération Y (la génération gratuite) qu’il faut payer pour avoir des infos sérieuses?

    C’est vrai les médias sont en crise (et bien avant la crise financière qui ne fait que rajouter de l’huile sur le feu), les gens ne veulent plus d’info bidon, ni de journaliste courroie de transmission. Et ils ont raison.
    Pourtant, personne à l’heure actuelle n’est capable de dire ce que va devenir le métier de journaliste. Des rumeurs de plus en plus nombreuses dans le métier parlent de non avenir pour les quotidiens. Certains préconisent de passer en mode hebdomadaire, d’autres de laisser tomber le papier… Qui se préoccupe de qui est la prochaine génération et de ce qu’elle veut?
    On est tous un peu largué et c’est justement là qu’est notre chance! Nous avons un vrai défi, ce lui de redéfinir notre métier. Le hic? Réussir à en vivre…

  2. T’avais-tu mangée de la vache folle canadienne? A moins que tu ne sois en SPM? Ou que tu sois simplement une Paradis??? 😉

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